Naissance vorace

[color=darkcyan][b]"Ca suffit Dipendra !"[/b][/color]

[i]Quelques secondes aux allures d'heures,
Des lames aiguisées remplacent les mots prononcés.

Touché.
Dans son orgueil, son envie de bien faire, sa manière de s'inquiéter,
Il n'aime pas être remis en cause,
Pas ce que je voulais faire.

Tout simplement pas envie d'envisager la solution noire pour le reste de la famille.
Maitre de mes pensées, c'est ainsi.

Quelques secondes aux allures d'heures.
Tension palpable,
Ambiance lourde,
J'ai chaud.

Œil alerté par son poing qui gagne sa lame.
Chef de meute dont l'autorité est menacée.

Mes pieds s'ancrent aux sols,
Toujours prêt à bondir pour esquiver,
Ou à encaisser sans perdre l'équilibre pour pouvoir contre attaquer immédiatement, instinctivement.

Mais rien de tout cela, nous sommes frères.
Juste des paroles de mise en garde sur lesquelles je laisse planer un silence…

…

… Que je finis par clôturer moi-même.[/i]


[color=darkcyan][b]"Nous devrions peut être partir à leur recherche ?"[/b][/color]

[i]Je sers violemment mes poings jusqu'à ce que mes ongles pénètrent dans mes chairs.

Une souffrance physique pour oublier la souffrance morale.
Seul moyen pour moi afin que ces larmes ne passent pas la barrière de mes cils.

Mon état d'esprit est vite mis au second plan lorsque je sens la tension monter entre Dipendra et Aku.

La disparition des autres membres de notre famille nous a tous complètement déstabilisé.
Nous nous retrouvons comme des blessés de guerre ayant perdu un bras ou une jambe.

Paumés
Ravagés

La moindre étincelle met le feu aux poudres. Les affrontements verbaux sont fréquents, tellement nos nerfs sont à fleur de peau.

Unique possibilité d'exorciser nos doutes, nos craintes.

La colère est tellement souvent la meilleure façon de masquer la douleur.

Je n'essaye pas de séparer mes deux Frères. Déjà, je ne ferais pas le poids, et je sais bien que, malgré les apparences, ils ne se feront jamais de mal. Nous ne nous ferons jamais de mal.

Mais une meute a besoin de faire sortir son agressivité parfois. Le plus souvent contre les autres. Dans ces cas-là, c'est généralement mortel. Mais si l'occasion ne se présente pas, alors le seul exutoire possible est dans son sein. A ce moment-là, seules les gueules gronderont. Mais l'effet reste toujours impressionnant.

Je m'approche d'eux.

Ils ne se rendent même pas compte de ma présence.

Deux yeux de braise affrontent un oeil noir.

Aku le premier rompt le silence.[/i]

[b][color=darkcyan]"Nous devrions peut être partir à leur recherche ?"[/color][/b]

[i]Je suis persuadée que Dipendra y a déjà pensé. Qu'il y réfléchit déjà depuis un moment.
Il ne restera pas sans rien faire. A attendre les bras croisés qu'ils nous tombent du ciel.
L'inaction n'a jamais été notre fort. Et encore moins pour lui.

Notre aîné,
Notre chef.

Mais nous venons d'arriver. Il y a sûrement encore d'autres choses à faire. Toujours sécuriser nos arrières, avant de partir à l'aventure.
Et surtout, ne jamais nous séparer. On a bien pu voir ce que ça a donné la dernière fois qu'on l'a fait.

A cette pensée, je sens à nouveau cette satané humidité vouloir venir s'infiltrer sous mes paupières.

Je recommence à serrer les poings.
[/i]

[i]Regard noir, un geste rapide pour rengainer son couteau. [/i]

[color=red]" Tu as raison, partons à leur recherche. Je passe par l'ouest, la forêt, puis j'irais au village. J'y ferais tous les lieux où grouille la vermine, ça m'étonnerait pas que j'en débusque au moins un.... si c'est pas dans les bois. Prenez les autres directions et on se retrouve là bas. "[/color]

[i] [color=darkred]je l'espère en tout cas...[/color]

Il quitta la grotte rapidement, sans un mot de plus.

Il passa des jours entiers autour du village dans la forêt, à fouiller, labourer, supplicier, débusquer, déchirer, déloger, dépecer, tourmenter, chasser, dévorer.
Il ne consommait pas toujours le fruit de ses prédations. Brutal, il s’acharnait sur ses proies sans les achever. Ou les achevait mal.

[color=darkred] Tu souffriras à la mesure de ma souffrance.[/color]

Conjurant le feu ardent qui lui consommait les entrailles quand il éventrait ses victimes.

[color=darkred] Tu m’offriras une terreur aux dimensions de ma colère.[/color]

Génocidaire sadique, il élimina toute forme de proie qui tombait sous ses crocs, s’abandonnant à son animalité avec rage et volupté, se livrant corps et âme à une orgie de sexe, de sang et de chair. Cela dura quelques jours, quelques jours seul, pendant lesquels son corps n’eut d’autre couleur que celle du sang qu'il versait avec exaltation, et qui lui teintait le corps, de la plante des pieds à la pointe des cheveux. Il ne trouvait pas l’objet tant désiré de sa quête. Il en devint de plus en plus agressif, s’acharnant davantage sur ses victimes.

Le visage de ses frères, en filigrane, passaient comme des ombres sur les traits horrifiés de ceux qui croisaient son faciès monstrueux, et ils devinrent de plus en plus nets, de plus en plus obsédants, de plus en plus envahissants, de plus en plus cruels. Ces apparitions nourrissaient sa rage d’avoir par le passé terrorisé ces gosses auquel il s’était attaché de manière presque maladive.

Il s’éveillait toutes les nuits, râlant, grognant, vociférant des mots assassins, aboyant de folles imprécations trahissant sa peine, il mâchonnait des excuses où balbutiait son amour maladroit.
Et de rage d’être seul à les entendre il jetait ses bras meurtriers en poussant des cris dans l’air vif et de ses doigts noircis de sang il giflait ses pantins imaginaires qui le persécutaient de leur présence muette, accusatrice, tendre et vénéneuse.
Puis, le calme revient, la colère disparue et avec elle, la faim, et les rêves.
Il commençait de s’ennuyer de la présence d’Aku et Luhora quand il s’approcha insensiblement du village.
Là, il s’arrêta. Quêtant un signe. Et, plus sûrement que l’aiguille d’une boussole est attirée par le pôle magnétique, il marcha d’un pas lourd et aveugle, vers une taverne, pouilleux, hirsute et assoiffé.
Il se posta à quelques mètres, humant l’air, et fermant les yeux, ne se fiant qu'à ses sens.

[color=darkred]…là…[/color]

Il contourna l’édifice, cherchant une petite fenêtre, un vasistas, une porte dérobée, s’imprégnant de l’atmosphère du lieu saturé de fragrances mortes et fades.

Au sein de ce maigre fumet, une odeur puissante.

Il pénétra les lieux d’un pas vif, désordonné, sans se soucier de ce que son apparence sauvage pourrait suggérer de plus désagréable à l’assemblée qui se trouvait là.[/i]

[color=orange] Mes frères...
ma soeur... [/color]

[i] Plusieurs temps déjà qu'on avait été séparé, et l'effet de leur absence se faisait ressentir. [/i]

[color=orange] Foutu famille... [/color]

[i] Il n'y avait qu'eux, qui pouvaient me troubler autant... [/i]

[color=orange] M'ont rendu ridicule devant la blondinette... [/color]

[i]
Ecoeuré...
D'avoir montré autant d'humanité.
Solitude...
Encore combien de temps je vais devoir attendre....
Meurtre...
sans eux, je n'en voyais plus le plaisir.
Occupant la taverne depuis des jours, j'occupais le reste de mon temps à occir quelques animaux, ou dépouiller quelques malheureux de leurs biens...
Il le fallait... Sans ça, je perdrais patience ...
[/i]

- Jeune homme !on vous attends !

[color=orange] ah [/color]

[color=purple] Ouai, ouai, du calme, vous êtes si pressé de tout perdre ? [/color]

[i] A penser à eux, je n'avais pas fait attention que c'était à moi de jouer...

Pour quelques Gyps de plus...

Espérant dépouiller mes adversaires à l'un de ces jeux, où l'on mise ses biens et parfois sa vie, je les attendais.
Ils étaient vivant quelques part, j'en étais sûr, ils sont pas du genre à tomber les frérots.

Impatient...
Je n'irais pas les chercher.
on pourrait se louper.

Frisson...
Je serre fermement mon couteau à l'aide de ma main droite.
L'odeur du sang...
Il approchait...
Je me levais en observant l'entrée de la taverne, prêt à bondir sur celui qui risquerait de peturbé ma partie...

Choc...
[/i]

[color=purple] - Mon ... Frère ? Je t'attendais...[/color]

[i] Mon grand frère était enfin arrivé, difficile à reconnaitre sous toute la crasse et le sang qui le recouvre...
Au moins, il a pas dut perdre ses habitudes... [/i]

[color=purple] - Les autres ? ils sont où ? [/color]

[i] Le plaisir était grand.
Quelque chose se rallumait en moi... [/i]

[i] Après des jours sans horizon, passés à traquer le gibier et chercher en vain le sang de son sang, des cris, des chants, une multitude de sons différents qui lui agressent les oreilles quand il passe le seuil de la taverne.
Des cris de femmes, des suppliques, des rires, des mots qui demandent du secours, de l’amour, de l’argent, des lois. De la compagnie.
Des ordres, toujours des ordres distillés à droite et à gauche par des ivrognes qui n’attendent que de se faire démonter la trogne pour se taire et profiter pleinement de leur ivresse.
Des mots d'amour…
des odeurs saturées de musc, de fleurs séchées, de miel et de lait.
Et soudain un verbe qui dissout le brouhaha général, une voix d’une clarté inouïe et cette silhouette familière, élancée qui s’approche.

[color=yellow]- Mon ... Frère ? Je t'attendais... [/color]

[color=darkred]… petit frère…..[/color]

Odeur de la sueur des autres, de la poussière qui emplit la taverne.
Tant de monde en un si petit espace, tant de bruits. Et lui, au milieu. Ses yeux s’ouvrent grands. Ses oreilles à l’affut, sa gorge sèche.
Ce parfum tenace du sang qui lui poisse encore les narines.
Il reste devant la porte à l’observer longtemps, les mots bloqués derrière la glotte, les crocs.
Son corps crispé, tous les muscles bandés, un tic.

[color=darkred]tu m’attendais…. bien sûr mon biquet….[/color]

Un ivrogne entonne une chanson graveleuse et chaloupe entre les tables, lui adresse quelques gestes provocants et obscènes pour finir échoué à ses pieds. Sur le côté.

[color=yellow]- Les autres ? Ils sont où ? [/color]

Il ne répond pas, concentré sur le corps qui s’effondre.
Il s’accroupit et se penche au dessus du quidam avachit, enviant son absence soudaine, enviant le hasard de sa chute, sa misérable vie d'homme, anesthésié, et lui souffle à l’oreille :[/i]

[color=red]« Sale petite ordure… ça brûle hein! Tu fais moins le malin maintenant, t’as fini par la fermer ta grande gueule ! » [/color]

[i]Un coup de coude dans l’arête du nez le fait saigner. Il se redresse, silencieux, et pousse le comateux contre le mur, un sourire éclaire son visage disgracieux.[/i]

[color=red]« Alors … comme ça tu m’attendais…?... »[/color]

[i]Son visage se referme et sa voix rauque éclate dans le local exigu.[/i]


[color=red]« Évite de me raconter les mêmes cracs que tu inventes pour les traînées qui font les poches des chalands qui fréquentent ce genre d’endroit avec assiduité, Gouni!
Ça fait maintenant 15 lunes qu’on te cherche, et les autres ne sont toujours pas au rendez-vous… comme tu peux le voir.» [/color]

[i]Puis à nouveau ce sourire étrange qui lui fend la face et les yeux noirs et profonds qui s’illuminent. Le bras qui se tend avec tendresse vers le petit frère, puis l’autre et qui l’agrippe, l’enserre, le colle brusquement contre les vêtements raides de crasse qui craquent sous la pression exercée.

Embrassade franche et brutale.[/i]


[color=red]" Me refais plus des choses comme ça, Gouni.
Me refais plus ça. "[/color]

[i]La pression s’accentue, les cheveux ébouriffés et noirs de l’aîné recouvrent la masse violine et lustrée du benjamin.
Leurs torses se nouent dans une étreinte fraternelle à l'entrée du bouge.[/i]

[color=red]" Fais-toi pardonner, mon frère, paye moi un fût, et présente moi donc cette populace qui t’as visiblement diverti pendant notre absence.
Et prie pour qu’ils arrivent jusqu’ici en un seul morceau..."[/color]

[i][color=darkred]...sinon, t'auras affaire à moi ! [/color][/i]

[color=orange] Grand frère... [/color]

[i] Emu...
C'est ainsi que j'étais quand il est apparut...
Je continuais de l'observer comme si il revenait d'entre les morts...
Un Rêve ?
Non...
une inquiétude envolée...
Un regard qui paraît durer des heures, et qui fait revivre les souvenirs...
une odeur...
Un sourire intérieur
[/i]

[color=orange]Pas par la, malheureux [/color]

[i]Un vielle ivrogne, s'approchait de mon frère, titubant, l'insultant...
Chutant...
Je le reconnais le frérot...
Toujours aussi grand.
Toujours aussi fort.
C'était mon grand frère. [/i]

[color=red] « Alors … comme ça tu m’attendais…?... »  [/color]

[i]Son intonation, son regard... j'allais me faire réprimander [/i]

[color=red]« Évite de me raconter les mêmes cracs que tu inventes pour les traînées qui font les poches des chalands qui fréquentent ce genre d’endroit avec assiduité, Gouni! 
Ça fait maintenant 15 lunes qu’on te cherche, et les autres ne sont toujours pas au rendez-vous… comme tu peux le voir.» [/color]

[i]
Dans le silence de la taverne
Je ne réponds pas...
Ils me cherchaient et c'est déjà bien suffisant.
Il avait dû retrouver les autres...
De toute façon, ils auraient pas pu tomber.
Même Luhora, notre petite sœur...
Je le regarde, me tenant fier et droit comme un homme.

Il tend les bras vers moi...
Os qui craquent...
C'est ça l'amour fraternel...
[/i]

[color=red]" Me refais plus des choses comme ça, Gouni. 
Me refais plus ça. " [/color]

[i]
Toujours dans ses bras, j'acquiesce de la tête...
Je hume son odeur...
Notre sang...
J'ai les yeux qui me picotent...
Je me mord la lèvre à m'en faire saigner.
Je ressens l'envie de bouger, l'envie de continuer, d'avancer de nouveau à ses côtés
… à leur côté...[/i]

[color=red] " Fais-toi pardonner, mon frère, paye moi un fût, et présente moi donc cette populace qui t’as visiblement diverti pendant notre absence. 
Et prie pour qu’ils arrivent jusqu’ici en un seul morceau..." [/color]

[i] Tellement de chose à dire et si peu de voix pour le raconter...
Et je veux tout savoir...
Ce qu'il se passe, ce qu'ils ont fait.
Comment vont nos frères et notre sœur.
L'étreinte s'arrête...
Et ça y est.. Il recommence.
Il à soif...
Enfin, il est comme ça le grand frère...
Je le regarde, j'ouvre la bouche, et d'une voix assez lente, j'en sors trois mots..
[/i]

[color=purple]- Dipendra... mon frère... [/color]

[i]Je lui fais signe de me suivre...
Je ramasse la bourse que le malheureux qui est passé dire bonjour au mur a laissé sur notre table de jeu.
[/i]

[color=orange] ça devrait suffire [/color]

[i] Dans la taverne, on nous regarde...
Ils feraient mieux de regarder ailleurs, pensais-je.
Nous laisser en paix.
On les ennuierait bien assez tôt... [/i]

[color=purple]-Ces gens...Grand frère...
Fais-en ce que tu veux. Ils me servent plus à rien.
[/color]
[i]J'avertissais le tavernier de nous amener un fut et un jus.
Et je regardais mon frère silencieusement. [/i]

[i][color=indigo]- Dipendra... mon frère...[/color][/i]

[i]Après m’être éloigné je sens encore son corps contre moi qui s'abandonne, qui cherche l'odeur familière, comme quand il était gamin et qu'il avait eut peur d'un truc dans le noir, des choses que je voyais pas, qu’on m’avait pas laissé le temps de voir, j’avais pas de grand frère pour veiller à ce que j’ai assez de place pour rêver et avoir peur… même de choses qu’existent pas…. Juste un père cinglé imbu de sa petite personne, bouffi d’orgueil, fier d’être le mâle dominant et d’exercer sa terreur sur le premier né, l’héritier de son savoir faire de guerrier sans scrupule, sans amour pour son gosse.
Gouni était l’avant dernier, et mon préféré, j’ai même pas honte de le dire, je crois que tous les autres l’ont toujours su, malgré les efforts que je faisais pour rester juste.
Je sais pas pourquoi c’était comme ça, peut être parce qu’il a eut du mal à venir, et que c’est moi qui l’ai aidé à naitre pendant que son père était parti guerroyer une fois de plus dans des contrées lointaines en laissant sa femme, en sueur, saigner dans son lit.
Il est arrivé tout maigrichon, mon p'tit frangin, cyanosé, bleu, respirait pas, le cordon souillé enroulé autour de la gorge comme un serpent.
C’est moi qui l’ai coupé ce cordon….
Collé une grande claque dans le dos et dégagé la bouche d’un tas de cochonneries qui l’empêchaient de crier.

[color=red]« Vas-y gueule mon mignon, gueule bon dieu…. Allez! gueule un coup c'est facile tu verras! Vit.... vit mon petiot ! Allez, accroche toi...» [/color]

c'est ce que j’ai braillé, je crois.... dans le silence de la chambre.
Puis il a poussé un couinement, pas plus fort qu’un chiot mais ses yeux qui voyaient rien me regardaient avec tant de profondeur, avec l’air soucieux et sage des vieillards, comme s’ils savaient déjà tant de choses qu’ils auraient pas du connaître ...
ça m’a foutu une vraie taloche...

C’est moi qui l’ai élevé celui là, ma mère était fatiguée et n’avait plus un godet de lait à lui offrir, ni de patience à lui accorder, c’était le 6ème rejeton pourvu d'un appendice entre les guiboles qu'elle pondait dans la douleur, faut dire, et qu’elle en avait plein le dos des garçons, elle attendait une fille désespérément, qui lui ressemblerait, qui l’aiderait à faire face aux mâles de la maison, bruyants, espiègles, violents, tortueux.

Luhora n’a pas trop répondu à ses attentes … elle lui a fait payer cher de ressembler à ses frères.

Quand il était petit Gouni se posait trop de questions à chercher le pourquoi du comment... je savais pas quoi répondre mais j’étais pas foutu de lui en coller une quand il me mettait à bout de nerfs, quand j’avais plus de mots… Je quittais la maison et j’allais bastonner le premier couillon qui m’adressait la parole pour me vider de la honte de pas trouver de réponse à celui qui voyait tant de choses que je pouvais pas voir, que je voulais pas voir…. Je sais pas pourquoi je me suis mis à ressasser tout ça maintenant.

Et pis je veux pas avoir l'air plus perturbé que ça par nos retrouvailles, garçon.
Faut pas montrer ses émotions sinon après t’es foutu. Surtout si tu sais pas quoi en faire...
J’avais pas appris, pas eut le temps en élevant cette ribambelle de mioches tous plus aventureux les uns que les autres.

Mais comme j’étais fier d’eux...!

[color=darkred]ça fait du bien de te retrouver mon poulet...[/color]

Du coin de l’œil j’aperçois le sang qui perle sur sa lèvre, je me retourne vers lui et l’essuie en silence, peux pas m’empêcher de lui donner une tape sur l’épaule et de sourire bêtement. Je sais plus le prendre dans mes bras, il a forci Gouni, un homme… c’est plus le gamin que j’emmenais dans les bois et qui s’échappait pour se trouver des cachettes, qui faisait toujours des découvertes et que je cherchais des heures pour finir par le retrouvé muet, la lèvre en sang, les larmes aux yeux regardant un faon mort qui s’était fait égorgé par les loups. Dans ces moments là je pouvais pas m’empêcher de le porter encore et de le serrer dans mes bras comme s’il était mon gosse

[color=red]« Pleure pas, va, c’est comme ça que ça marche, jamais le faon qui gagne, puis s’il gagnait, y aurait tout sans dessus dessous… hein, tu le sais bien que ça marche comme ça Gouni , faut pas pleurer sur des bêtises pareilles sinon t’as pas fini de pleurer»[/color]

C'est sur que je l'avais pas traité comme les autres....
J’avais même fini par me demander si je l’avais pas trop couvé celui là pour qu’il soit aussi sensible, alors que les autres étaient durs et retors…
Aku, avec qui j’avais le moins d’écart, m’en avait fait bavé des ronds de chapeau… sacrée teigne celui-là! mais lui, j’avais pas hésité à lui coller des beignes en représailles pour qu’il s’endurcisse, et surtout pour qu'il apprenne à la fermer.... ça l’avait rendu encore plus tordu, plus fourbe, et affûté son intelligence, un vrai surin qui te saignait comme un goret si tu dégainais pas plus vite que lui…

[color=indigo]-Ces gens...Grand frère...
Fais-en ce que tu veux. Ils me servent plus à rien.[/color]

Ces quelques mots coupent court à ses pensées. A nouveau un sourire étrange, maladroit apparait sur son visage crasseux, et lui tire la bouche vers les oreilles : [/i]

[color=red]« Je doute que j’en fasse grand-chose aussi pour le moment Gouni, j’ai mieux à faire, et j’ai soif. On verra quand les affreux qui te servent de famille seront réunis ici. Maintenant tu vas plutôt me dire ce que tu trafiquais dans cette taverne avant que j’arrive, ce que t’as appris d’intéressant sur les environs. Les tavernes ça sert à ça, c’est là que tout se sait, c’est le centre nerveux de tous les complots, le départ de toutes les guerres, de toutes les alliances, de toutes les bastonnades.
C’est là que se forgent les amitiés solides et là aussi qu’elles se trahissent quand elles valent pas un pet, un gyps ou un godet, là que les corps se mettent à causer, à aimer mal et vite.
Avec un coup de chance c’est le grand amour qu’on y trouve, la fortune mais le plus souvent on y récolte que des emmerdes et la ruine, le désespoir. là qu'on l'y noie dans la bibine.
C’est surtout là qu’on sait ce que vaut une ville, c’est là qu’elle a sa vraie figure, là qu'on sent son pouls qui palpite quand les langues, les corps et les esprits se délient. »[/color]

[i]Il s'assit sur un tabouret , s'attabla sur une ovale et invita son frère à en faire de même, il grogna quand le tavernier arriva, trop lent à son goût, balança la bourse qui déversa son contenu sur le sol, ce qui obligea le tenancier à se plier bon gré mal gré à ses pieds pour rassembler les gyps, puis il se saisit du fût qu’il siphonna au dessus de sa tête, laissant le liquide mordoré lui emplir la gueule et mousser sur ses lèvres. Puis il s'empara de 4 verres qui trainaient sur la table adjacente et les fit valser comme des toupies sur le bois avant de les remplir à raz bord et de s'envoyer dans le gosier de nouvelles franches rasades assez rapprochées, assez pour l’enivrer. Il fit enfin claquer le fût au sol, et sous sa tignasse de fauve ses yeux fixèrent les deux yeux violines aussi mystérieux qu’un ciel dérangé par une tornade électrique :[/i]

[color=red]« Il est bon ton jus de fruit... ? Alors Gouni raconte moi ce qu’on dit par ici»[/color]

[color=red]" Tu as raison, partons à leur recherche. Je passe par l'ouest, la forêt, puis j'irais au village.
…
Prenez les autres directions et on se retrouve là bas. "[/color]

[i]Ca m'enrage…

Au moment où je pense qu'il ne faut pas qu'on se sépare, Dipendra décide de partir à leur recherche seul de son côté.

Bien sûr que comme ça, on pourra parcourir plus de terrain, et les retrouver peut-être plus vite…

Mais si on se sépare…

Si on se perd…

La dernière fois c'est ce bien ce qui est arrivé.

Je sais bien que ça sert à rien que je dise quelque chose. On ne m'écoutera de toute façon pas. J'ai l'habitude.

Je regarde Dipendra partir…

Et si on ne le revoit plus

Si lui aussi on le perdait[/i]

[color=violet]Arrête de penser à ça. On ne peut pas avancer en ayant peur. Aie confiance en lui. Il ne peut rien lui arriver. Tu le sais.[/color]

[i]J'essaye de faire taire ma terreur. Ma crainte de les perdre tous, les uns après les autres.

Je peux bien facilement me rire de tous les dangers. Je n'ai pas peur pour moi. Mais je me sens perdue dès qu'il s'agit de mes Frangins.

Puis, rapidement, je secoue la tête et me redresse. On ne va pas les retrouver si on reste dans cette grotte.

Nous sortons de la grotte, Aku et moi et partons ensemble dans la direction opposée à celle prise par Dipendra.

Les jours de recherches succèdent aux nuits de repos partiel, chacun montant la garde à tour de rôle.

Pas un buisson, pas un trou, pas une chaumière n'échappe à nos investigations. Quelques cadavres longent notre route. Ceux qui n'ont pas voulu coopérer. Ou qui ont essayé de nous attaquer. Ou qui n'ont pas su nous aider. Ou qui se sont trouvé là, à un moment de découragement plus grand qu'un autre. Juste utiles pour passer la rage de ne rien trouver, pas une trace. Pas un signe.

Le désespoir nous accable. Non seulement, nous n'avons pas avancé dans nos recherches, mais en plus, l'absence de Dipendra nous pèse chaque jour un peu plus.

Par dépit, nous décidons de venir au village, que nous avions jusqu'à présent toujours évité. Il y a assez de monde pour passer plus ou moins inaperçus, malgré nos tenues sales et abîmées.

Arrivés devant la taverne, un bouseux commence à nous prendre la tête. Surtout son odeur d'ailleurs.

Ni une ni deux, on décide d'en faire de la chair pour les cochons, qu'il a l'air d'affectionner particulièrement.

L'affaire est rondement menée. Aku me l'amène pendant que je me suis mise dans l'angle du bâtiment.

Soudain, en jetant un coup d''œil par la fenêtre…

Je blêmis.

Là, au fond...

Je connais ces deux silhouettes.

Je lâche le cadavre et cours vers l'entrée de la taverne, sans même regarder si Aku me suit.

J'entre dans la taverne et dévale les escaliers, au risque de me manger une marche. Je bouscule tous ceux qui se trouvent sur mon passage. [/i]

[b][color=indigo]"Dipendra !

Gouni !"[/color][/b]

[i]Un père...
C'était presque ça qu'il était pour moi le grand frère...
Enfin parait que c'est comme ça un père.
Ça t'apprends des choses qu'ils disent. ça t'endurcit, et ça te protège...
Il a toujours été la dans mes moments de détresses, quand je découvrais le monde, que je me rendais compte, que c'était pas juste.
Rien n'a jamais été juste de toute façon.
Il m'a fait comprendre que fallait être fort pour survivre, sinon on tombait...
Et pi les grands frères étaient déjà bien fort, fallait que je les rattrapes, que je puisse trainer la savate avec eux... partager leur bonheur, leur trésor.
Alors je me suis entrainé, cherchant la moindre bagarre pour tenter d'être le plus fort...
Fallait pas que je leur fasse honte aux frères, fallait que ma petite sœur m'admire aussi, comme moi je les admire... mais c'est pas facile, alors je me bagarrais...
Et si je m'en prenais une de trop, ils étaient la, les grands frères.
Puis on a grandit...
Inséparable...

Enfin jusque là...

Enfin ça y est, j'en ai retrouvé un... ça fait du bien...
Il m'essuie, le sang qui coule sur ma lèvre, il a dut comprendre. Je vais encore passer pour la lopette de la bande... C'est dur à maitriser les émotions, quand ça te prend et que ça te déchire le Thorax, ya que la douleur qui peut les atténuer...

Une Tape dans l'épaule suivie de ce sourire que je connais si bien, me rappelle à quel points ils m'ont tous manqués
[/i]

[color=purple]Grand frère... [/color]

[i] Maintenant, il était assis et je m'asseyais à mon tour attendant que mon verre arrive...
Il s'impatientait Dipendra, faisant comprendre au tavernier combien il était lent.
Pauvre tavernier...
Il en profite pour me parler de la vie de la taverne. il a raison, c'est comme ça que ça se passe...
Souvent dur pour ceux qui y trainent...
Moins pour nous, pas de trahison, pas dans la famille. Et puis on a toujours été les rois dans ces lieux... On embête pas la fratrie... sauf à ses dépends.
Et même si on nous embête pas, quand la soirée tarde trop, on se met à mettre des baffes, ou égorger celui qu'aurais osé faire mal à l'un des notre.

Maintenant, il est servit, le tavernier lui a amené de quoi boire toute une soirée à un homme normal.
Mais Dipendra, était pas ce genre d'homme.
Il pouvait boire plus que n'importe qui, que j'avais put rencontrer...
Je songe, à rompre mon silence, à lui raconter.
Comme il le souhaite[/i]

[color=red] « Il est bon ton jus de fruit... ? Alors Gouni raconte moi ce qu’on dit par ici» [/color]

[color=orange]- Ah Dipendra, mon frère, cet endroit est étonnant, les gens sont mous et lâches, quelques soldats par ci par la qui gigote et qui donne des ordres. Ils font leur boulots quoi.
Mais il paraît que y'en a pas mal qui sont venus par le portail. Qu'il y a des grandes créatures qui pensent qu'à se battre, tuer et qu'ils nomment des gobelins. J'ai crut que c'était de vous au début qu'ils parlaient, et que vous aviez manger un truc pas bon, alors j'ai accourut...
Mais non...
C'était pas vous...
Par contre, ils sont pas très causant ici, je sais pas comment ça marche trop, le systême.
Bref, quelques discutions de comptoir.
[/color]

[i] Je bois une gorgée de mon jus... [/i]

[color=orange]- il est bon, il est frais ce jus [/color]

[i] Je buvais rarement d'alcool, car il arrivait toujours un point où je pouvais plus me contrôler et j'aime pas ça pas ne pas me contrôler...

Fracas, dans la taverne...
Je me retourne...[/i]

[color=purple] Ma soeur... [/color]

[color=purple][b]"Dipendra ! 

Gouni !"  [/b][/color]

[i] Choc...
Je sens mon cœur s'emporter par mon amour fraternelle..
Elle était la, ma petite sœur …elle a l'air d'avoir encore grandit, de s'être endurçit.
Je me lève, je me rends à sa rencontre, renversant le siège sur lequel j'étais assis...
Je la prends dans mes bras, et la serre contre moi...
Je le peux, c'est ma petite sœur... c'est comme ça que dois réagir un grand frère...
Pour une fois que c'est moi le grand frère...
Picotement dans les yeux...
Je m'en mord de nouveau la lèvre...[/i]

[color=orange] - Petite sœur ![/color]

[i]L'endroit est sombre et enfumé. Le contraste avec la luminosité du dehors m'aveugle pendant un bref instant.

Je manque m'étaler sur un type qui dort, appuyé contre un mur. Quel idée de s'être mis là. On dirait d'ailleurs qu'on lui a déjà marché dessus. Il a la tête en sang.

Je n'ai pas le temps d'arriver à la table de mes frères. Gouni se précipite et me serre dans ses bras. [/i]

[color=orange] - Petite sœur ![/color]

[i]Pendant une seconde, je pense que je vais le salir, avec tout ce sang que j'ai sur moi. Mais on s'en fiche. Je me laisse faire. Ca me fait tellement plaisir de le revoir.

Pourtant, bien vite, je relâche mon étreinte. Si je reste dans la chaleur de ses bras, je ne serai plus bonne à rien.
C'est bien joli les effusions, mais ça ramollit la bête. Et on ne peut pas se le permettre.

J'ai quand même toujours des étincelles dans les yeux en le regardant. [/i]

[b][color=indigo]"Tu m'a drôlement manqué, tu sais. Ne t'avise plus de disparaître comme ça."[/b][/color]

[i]Si je n'étais pas si contente, je pense que je l'aurais secoué comme un prunier.
Pour le punir de nous avoir fait si peur.

Mais je me borne à l'examiner. Voir ce qui a changé chez lui.

Il a toujours cette petite lueur d'humanité dans les yeux. Celle qu'on ne voit pas dans les regards des autres membres de la fratrie.
Ou alors si bien cachée qu'elle ne ressort que quand on est entre nous.

Mais je sens quand même que je n'arriverai plus à le tourmenter comme je l'ai eu fait par le passé. Il semble s'être affirmé.

J'arrête mon examen avant de le mettre mal à l'aise.

Je passe à côté de Dipendra et lui colle un baiser sur la joue.[/i]

[b][color=indigo]"Toi aussi, tu m'as manqué."[/b][/color]

[i]Puis je file en vitesse m'asseoir à la table.

Comme pour vouloir masquer ces instants d'émotions, de faiblesse, je demande crânement[/i]

[b][color=indigo]"Tu as déjà tout bu, ou tu m'en as laissé une goutte ?"[/b][/color]

[i]Je réalise qu'Aku n'est pas encore là. Je me demande bien ce qu'il fabrique.[/i]

[b][color=indigo]"Aku ne devrait pas tarder. Il était juste à côté de moi, dehors."[/b][/color]