2009-05-08 23:03:25
[i]les bras du coton sale imbibé
le clapotis de la flache, elle te lèche
les jambes des ballots de paille pourris,
ta carcasse s'égoutte sur le sol
la mélasse d'herbe de mousse de vase un pansement mal fait, trempé, t'entre dans les narines
mèches dans la bouche,
tu tètes la kératine et la boue
l'odeur de la terre,
moite et grasse
odeur acre
du fer qui rouille
du sang
de la pluie,
la petite pluie qui creuse le sol et te glace jusqu'aux os
la petite pluie
doigts dans le trou que façonne ton visage,
clapote sous ta joue, un ruisselet qu'elle creuse et chatouille ta pommette
où s'écrase un insecte momifié
il pleut...
un lac
un souterrain
[color=darkred] je ne sais plus où je suis[/color]
il a tant plu que ça ne s'arrêtera plus
dans la boue tu dors tu l'enlaces et la fouille
l'embrasse
ses lèvres froides se décomposent sous tes baisers
des bulles éclatent sous tes narines
ce que je pourrais être
un homme de terre
un petit homme de terre
tu as mal au crâne, tu as rétréci, ce que tu crois
ces vêtements ne sont pas à toi
il n'en reste pas grand chose d'ailleurs
haillons haves
Qu'est devenue ton épaisse pelisse de loup ?
Tu essuies tes yeux pour mieux voir
la boue n'a jamais le temps de sécher ici bas
ce monde informe ne ressemble à rien de ce que tu as connu
tout y est liquide,
placentaire et froid
tout ce que tu hais
mal aux genoux
aux bras
aux poumons de ces choses là dont tu devras réapprendre l'usage
l'ancien support de ta rage
tu regardes tes membres avachis sur la glaise
tu sens plutôt que tu ne vois
tu te demandes ce que tu fais lÃ
pourquoi la colère t'as quitté
cette colère qui te tenait debout parfois
ce que tu fais là monstre de l'hiver car tu n'es rien dans le clapotis de cette eaux sale et femelle
tes mains comme des mollusques
invertébrales anémones brunes qui cherchent quelque chose auquel s'accrocher
des écorces, des débris, un reste de naufrage, un arbre, sa peau
elle s'écarte et s'émiette entre tes doigts sans griffe
Il pleut
la terre molle ne te porte plus
elle t'épouse
elle t'englobe
sa caresse poisse ta peau imberbe
entre dans les ridules précoces qui strient ta face
antipathique
tu as le visage trompeur des enfants qui ouvrent les yeux pour la première fois sur l'horreur du monde
tu ne sais pas ton nom
ou quelques bribes
quelques images
quelques morceaux de verres dans ta chair qui s'enflamme
des voix
l'odeur ténue d'une femme qui flotte autour de toi
comment faire confiance à tes sens
toi qui n'as rien perçu du changement
tu ne connais pas cette odeur et pourtant tu la cherches
tu veux voir
si c'est elle dont tu as encore rêvé
dans ce qui te sert encore de sommeil
la boue te pique et colore le bleu cruel qui capte toute la lumière dans tes yeux
tu es un homme comme les autres
ou presque
De ta mémoire fracassée que peut il bien rester
tu te réveilles comme un chien
tout est noir et blanc tout s'est effacé du temps d'avant
aquarelle triste
des images grisonnantes dansent sur ta rétine
et juste une flaque de sang, un caillot dans ta gorge et ton doigt immobile sur le papier froissé, il bégaye, il hésite, plein d'effroi
dans le sang
dans la flaque
les mots disparaissent
dans ce vieux journal qui parle de toi qui tournoie dans le caniveau et qui te sert de torchon pour essuyer ton couteau
un animal s'approche
écoute
la reptation de ce corps
tu es un chasseur
et tu ne te souviens pas que tu l'es
ça reviendra vite....
un bruit de pas léger un affreux suçotement
des pieds qui s'embourbent, légers, monotones, comme une musique ancienne, dont tu as rayé le disque
quelque chose viens te lécher les mains, gluant, glacial
quand tu te crois à l'abri dans l'épave imaginaire qui te sert de refuge.
Est-ce que tu l'aimes l'horreur de cette petite pluie qui te cogne le front ?
Tu la hais n'est-ce pas...
c'est un ancien supplice que tu connais bien
cela finit par rendre fou si cela n'arrête pas
ça finit toujours par t'arracher la peau si ça insiste trop
Où sont les neiges glaciales qui t'ont vu naitre ?
tu n'es pas fait pour cette bouillasse qui t'entoure
non toi tu aimes le désert froid et sec
celui qui cisaille les chairs
Tu te redresse
tu t'assois
je t'oblige à t'assoir
douleur dans ta colonne
au fond de ton échine
tes doigts effacent les dernières traces de boue sur tes yeux
tu craches
et tu demanderais presque à un Dieu ce que tu as fait pour mériter un tel affront
la pluie s'écoule le long de toi comme dans une gouttière
tu te palpes, tu ne reconnais pas l'habitacle qui te porte
As-tu une âme ?
ton corps, ton être tout entier rétracté à l'intérieur comme dans une sphère
tu n'as pas d'issue , pas d'autre issue que cette eau morne et noire que tu regarde comme un naufragé
Je suis ta marionnettiste, je suis ton supplice et ton plus grand bien
c'est moi qui te guide
c'est moi qui te souffre
c'est moi
Dipendra
je t'engendre à chaque seconde
Je suis ton dieu de poussière
Tu étais encore un enfant quand j'ai pris possession de toi,
tu ne te rappelle pas
quand j'ai tiré tes nerfs
quand j'ai pris l'ascendant
Il ne m'aura suffit que d'une seconde pour te saisir
une simple seconde
d'inattention
[color=darkred]Ferme la![/color]
Je suis ton daïmon
Et les premiers mots que tu prononce en t'éveillant dans ce monde inconnu c'est moi qui te les dicte dans cette grotte où tu crois qu'il pleut.[/i]
[color=red]" J'ai faim! Aku. Ma sœur, j'ai soif ..." [/color]
le clapotis de la flache, elle te lèche
les jambes des ballots de paille pourris,
ta carcasse s'égoutte sur le sol
la mélasse d'herbe de mousse de vase un pansement mal fait, trempé, t'entre dans les narines
mèches dans la bouche,
tu tètes la kératine et la boue
l'odeur de la terre,
moite et grasse
odeur acre
du fer qui rouille
du sang
de la pluie,
la petite pluie qui creuse le sol et te glace jusqu'aux os
la petite pluie
doigts dans le trou que façonne ton visage,
clapote sous ta joue, un ruisselet qu'elle creuse et chatouille ta pommette
où s'écrase un insecte momifié
il pleut...
un lac
un souterrain
[color=darkred] je ne sais plus où je suis[/color]
il a tant plu que ça ne s'arrêtera plus
dans la boue tu dors tu l'enlaces et la fouille
l'embrasse
ses lèvres froides se décomposent sous tes baisers
des bulles éclatent sous tes narines
ce que je pourrais être
un homme de terre
un petit homme de terre
tu as mal au crâne, tu as rétréci, ce que tu crois
ces vêtements ne sont pas à toi
il n'en reste pas grand chose d'ailleurs
haillons haves
Qu'est devenue ton épaisse pelisse de loup ?
Tu essuies tes yeux pour mieux voir
la boue n'a jamais le temps de sécher ici bas
ce monde informe ne ressemble à rien de ce que tu as connu
tout y est liquide,
placentaire et froid
tout ce que tu hais
mal aux genoux
aux bras
aux poumons de ces choses là dont tu devras réapprendre l'usage
l'ancien support de ta rage
tu regardes tes membres avachis sur la glaise
tu sens plutôt que tu ne vois
tu te demandes ce que tu fais lÃ
pourquoi la colère t'as quitté
cette colère qui te tenait debout parfois
ce que tu fais là monstre de l'hiver car tu n'es rien dans le clapotis de cette eaux sale et femelle
tes mains comme des mollusques
invertébrales anémones brunes qui cherchent quelque chose auquel s'accrocher
des écorces, des débris, un reste de naufrage, un arbre, sa peau
elle s'écarte et s'émiette entre tes doigts sans griffe
Il pleut
la terre molle ne te porte plus
elle t'épouse
elle t'englobe
sa caresse poisse ta peau imberbe
entre dans les ridules précoces qui strient ta face
antipathique
tu as le visage trompeur des enfants qui ouvrent les yeux pour la première fois sur l'horreur du monde
tu ne sais pas ton nom
ou quelques bribes
quelques images
quelques morceaux de verres dans ta chair qui s'enflamme
des voix
l'odeur ténue d'une femme qui flotte autour de toi
comment faire confiance à tes sens
toi qui n'as rien perçu du changement
tu ne connais pas cette odeur et pourtant tu la cherches
tu veux voir
si c'est elle dont tu as encore rêvé
dans ce qui te sert encore de sommeil
la boue te pique et colore le bleu cruel qui capte toute la lumière dans tes yeux
tu es un homme comme les autres
ou presque
De ta mémoire fracassée que peut il bien rester
tu te réveilles comme un chien
tout est noir et blanc tout s'est effacé du temps d'avant
aquarelle triste
des images grisonnantes dansent sur ta rétine
et juste une flaque de sang, un caillot dans ta gorge et ton doigt immobile sur le papier froissé, il bégaye, il hésite, plein d'effroi
dans le sang
dans la flaque
les mots disparaissent
dans ce vieux journal qui parle de toi qui tournoie dans le caniveau et qui te sert de torchon pour essuyer ton couteau
un animal s'approche
écoute
la reptation de ce corps
tu es un chasseur
et tu ne te souviens pas que tu l'es
ça reviendra vite....
un bruit de pas léger un affreux suçotement
des pieds qui s'embourbent, légers, monotones, comme une musique ancienne, dont tu as rayé le disque
quelque chose viens te lécher les mains, gluant, glacial
quand tu te crois à l'abri dans l'épave imaginaire qui te sert de refuge.
Est-ce que tu l'aimes l'horreur de cette petite pluie qui te cogne le front ?
Tu la hais n'est-ce pas...
c'est un ancien supplice que tu connais bien
cela finit par rendre fou si cela n'arrête pas
ça finit toujours par t'arracher la peau si ça insiste trop
Où sont les neiges glaciales qui t'ont vu naitre ?
tu n'es pas fait pour cette bouillasse qui t'entoure
non toi tu aimes le désert froid et sec
celui qui cisaille les chairs
Tu te redresse
tu t'assois
je t'oblige à t'assoir
douleur dans ta colonne
au fond de ton échine
tes doigts effacent les dernières traces de boue sur tes yeux
tu craches
et tu demanderais presque à un Dieu ce que tu as fait pour mériter un tel affront
la pluie s'écoule le long de toi comme dans une gouttière
tu te palpes, tu ne reconnais pas l'habitacle qui te porte
As-tu une âme ?
ton corps, ton être tout entier rétracté à l'intérieur comme dans une sphère
tu n'as pas d'issue , pas d'autre issue que cette eau morne et noire que tu regarde comme un naufragé
Je suis ta marionnettiste, je suis ton supplice et ton plus grand bien
c'est moi qui te guide
c'est moi qui te souffre
c'est moi
Dipendra
je t'engendre à chaque seconde
Je suis ton dieu de poussière
Tu étais encore un enfant quand j'ai pris possession de toi,
tu ne te rappelle pas
quand j'ai tiré tes nerfs
quand j'ai pris l'ascendant
Il ne m'aura suffit que d'une seconde pour te saisir
une simple seconde
d'inattention
[color=darkred]Ferme la![/color]
Je suis ton daïmon
Et les premiers mots que tu prononce en t'éveillant dans ce monde inconnu c'est moi qui te les dicte dans cette grotte où tu crois qu'il pleut.[/i]
[color=red]" J'ai faim! Aku. Ma sœur, j'ai soif ..." [/color]