La mort ? C’est l’absence de vie, c’est l’absence de tout. La mort, ce n’est rien. La mort ce n’est en rien un aboutissement, un but, ce n’est en rien un accident, c’est juste un événement. Un événement qui annule un processus émergent issu, à l’origine, de la « naissance » d’un organisme vivant. Parfois c’est le processus lui-même qui provoque sa propre annihilation.
L’Homme ? C’est un organisme vivant parmi d’autres. Un peu moins bien adapté à son environnement que les autres et un peu plus présomptueux que les autres, mais c’est tout. [i]Homo sapiens[/i], "l'Homme sage" s'est-il appelé, en toute humilité.
L’Homme moderne a basé toute sa subsistance sur le bon fonctionnement de la société qu’il a lui-même construit. Sa société le nourri, l'élève et lui permet de survivre. L’Homme aime mettre de l’ordre dans ce qu’il appelle le chaos, parce qu’il ne peut en réalité en apercevoir l’ordre. En fait, l’Homme aime mettre son grain, car étant le seul être vivant doué de ce qu’il appelle « l’intelligence», son idée est forcément la meilleure et prime sur toute vérité déjà établie avant son arrivée. L’Homme s’éloigne de la dynamique des interactions qui caractérise toute forme de vie présente sur la Terre. L’Homme tente de couper un à un tous les liens qu’il a établi avec les autres espèces et même son environnement complet durant son processus évolutif et qui ont, en fait, conditionné son apparition il n’y a pas si longtemps que ça, pour établir de nouveaux liens avec la société qu’il a construite et qui est bien meilleure. Ainsi, lorsque la société
qui reste malgré tous les efforts de l’Homme, dépendante du monde réel qu’il tente d’oublier
se met subitement à flancher, la survie de cette curieuse espèce est largement mise en péril…
Mais quelque part, ça va plus loin encore. Vous savez, je vous ai menti, l’Homme n’est pas [u]un[/u] organisme. L’Homme est un ensemble de très nombreux organismes différents qui fonctionnent en symbiose. Virus, bactéries, protistes, la faune humaine est bien plus diversifiée que ce que l’Homme ne le voudrait. On appelle ça "L'Holobionte". Car l’Homme pense n’être constitué que de cellules « humaines » qui lui appartiennent et lui obéissent. Et comme l’Homme est le seul être doué « d’intelligence », il décrète qu’il a raison. Alors il décide de tuer tous ces « parasites » qui colonisent son précieux corps. C’est vrai, c’est dégoutant d’avoir des bactéries sur et dans la peau, dans la bouche, dans le gros intestin, dans l’estomac
en plus elles causent des ulcères parfois, c’est qu’elles sont forcément méchantes
, dans tous les orifices en fait, c’est vraiment horrible ! Et ne parlons pas de virus, mon Dieu !
référence typiquement humaine
. Il est grand tant de détruire tout ça ! Lavons nous les mains si possible avec de l’alcool tous les jours, brossons nous les dents et surtout, utilisons des antiseptiques ! Et ces effroyables herpes qui peuplent notre bouche, maîtrisons les à l’aide des produits que notre société, intelligente elle, a mis en œuvre pour sauver l’humanité. Et surtout, mettons des antibiotiques partout, en traitements contre toutes les maladies, en complément d’autres traitements, en épandage sur les cultures, dans les peintures d’extérieurs, partout ! En bref, cessons de nous adapter à notre environnement ! De toute façon, la société va le faire disparaitre et ce sera mieux ainsi.
L’Homme est jeune, vraiment très jeune, mais il ne mourra pas vieux. En effet, l’Homme ne semble pas avoir été taillé pour survivre bien longtemps depuis qu’il a décidé de prendre en main sa propre évolution.
L’Homme, c’est aussi une extraordinaire force de la nature. Une force de la nature capable de détruire la nature comme aucune autre espèce auparavant ne l’avait fait. Et ce qui est sans doute le plus étonnant, c’est que l’Homme, lui, en a conscience. C’est aussi le meilleur vecteur d’infection que l’on n’ait jamais vu émerger. L’Homme, grâce à la société toute puissante qu’il a créée est capable de propager une infection sur le globe tout entier en quelques dizaines d’heures seulement. Grâce à ses idées innovantes, telles que l’élevage intensif, le transport par avion à faible coût et l’utilisation intempestive et imbécile des antibiotiques, l’Homme pourrait s’il le souhaite éteindre n’importe quelle espèce sur le globe, y compris la sienne à tout moment ! Et il le sait puisqu’il est intelligent. Alors que va-t-il faire ? Changer cette société qu’il a construite pour qu’elle s’adapte mieux à la réalité de son environnement naturel ? Non ! L’Homme va plutôt essayer de supprimer tout ce qui, dans l’environnement naturel, gène le développement de sa société. Parce que sa société est meilleure.
L’Homme aime pervertir les autres espèces vivantes en fonction de ses besoins ou de ses envies. L’Homme substitue sa propre sélection à la sélection naturelle. Une sélection qui lui est plus profitable, meilleure en fait. L’Homme dégénère toutes sortes d’animaux, de plantes, de micro-organismes pour les rendre plus utiles ou plus agréable à sa toute puissance. Il les empêche de s’adapter à leur environnement, il modifie leur environnement, il supprime leur environnement, sa société à lui est bien meilleure pour eux de toute façon et il faudra bien qu’ils s’y adaptent. Et puis comme cela, il s’assure de rendre toutes ces espèces plus vulnérables aux conditions naturelles qu’il aimerait bien supprimer quand il aura trouvé sur quel bouton appuyer pour le faire. Parfois l’homme n’arrive pas à plier certains organismes à ses bons vouloirs. Alors dans le doute, il préfère les éteindre.
L’Homme est si fier, si puissant. Ne dit-on pas « Quel Homme ! ». Eh oui ! Il faut dire que l’Homme a démarré sur les chapeaux de roue. A l’aube de son existence il s’affairait déjà à éteindre les espèces vivantes qui le nourrissaient ou le gênait, rapidement, il devint LE super prédateur. Tous les mammifères géants y sont passés, aucun n’a pu y résister. Mammouths, tigres à dents de sabre, lions d’Amérique, bisons laineux, rhinocéros laineux, paresseux géants, Aurochs, et encore beaucoup, beaucoup d’autres. Nos ancêtres nous impressionnent, eux qui avec si peu de moyens, étaient déjà capable de faire de tels carnages par leur simple détermination. Et quand il n’y arrive pas seul, ce sont les microorganismes qu’il transporte qui font le travaille à sa place. Il créée toutes sortes de zoonoses et d’épidémies un peu partout où il lui plait d’aller mettre les pieds. Après tout c’est sa planète à lui, qui va l’empêcher de partir en vacances sous les tropiques ? Non mais de qui se moque-t-on enfin. Il en a le droit. Le droit, c’est lui qui l’écrit. Mais plus récemment, en 200 ans, l’Homme a probablement accompli sa plus grande prouesse. Il est devenu la première force géologique planétaire. A présent quand l’Homme éternue, la terre tremble. La force brute à l’état pure. L’Homme s’est offert les moyens de détruire son environnement à grande échelle. Il s’est même récemment offert les moyens d’éradiquer sa propre espèce de la surface de la Terre.
Mais en fait… Il n’aura pas besoin de tout ça. A petit feu, l’Homme a peut-être déjà signé sa propre extinction. Car l’Homme aime accélérer tous les changements, conforté par l’idée que sa société, elle, ne change pas et oubliant parfois que lui, est incapable de s’adapter rapidement aux changements qui pourraient se produire... Ainsi, le pauvre Homme se retrouve face à la dure réalité, le bout de son utopie ridicule… Car quand la terre éternue, la société s’écroule et quand la société s’écroule, l’Homme se retrouve à nouveau seul dans cette nature sauvage en marge de laquelle il a jugé meilleur d’évoluer différemment…
L’Homme souffre. Il est accablé de tant de maux. Pauvre petite espèce au milieu du chaos, évincée de toute part. Sa société est la seule à pouvoir l’aider, car c’est lui qui l’a pensée pour son bien. Pourtant il sait que c’est faux, mais que peut-il faire maintenant, recroquevillé dans son coin, voyant tout ce qui va inévitablement lui tomber sur la figure ? Alors il préfère oublier et laisser tous ces problèmes à demain. Aujourd’hui, il y a tant de choses plus plaisantes à faire à bord de ce navire en perdition, comme fêter noël par exemple.
L’Homme n’est peut-être pas fait pour durer. La plupart des espèces sur terre ont déjà des millions d’années d’existences derrière elles. L’Homme, lui, en a à peine quelques milliers… Tiendra-t-il lui aussi des millions d’années ou s’éteindra-t-il plus vite qu’aucune autre espèce ayant vécu avant lui ? L’Homme sera-t-il finalement, non pas le Dieu conquérant, mais la risée de toutes les espèces ayant vécu la planète Terre ?...
[i]Godescalc, Commandant et Exégète de la Coterie.[/i] Fou à lier, poète, dangereux, voleur, grand seigneur.